Le sommet des BRICS qui se tiendra prochainement à Kazan s’annonce comme un événement clé dans la quête de ces nations pour réduire leur dépendance vis-à-vis des plateformes de paiement traditionnelles dominées par les puissances occidentales. Les discussions autour des systèmes de paiement alternatifs seront au centre des débats, reflétant une volonté croissante de ces pays d’accentuer la dédollarisation et de renforcer l’utilisation des monnaies nationales dans le commerce international.
Une initiative menée par le Brésil
Lors du dernier sommet des BRICS en août 2023, le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva a proposé de développer des alternatives aux systèmes de paiement internationaux actuels. Cette proposition fait écho aux préoccupations croissantes des membres du groupe, notamment face aux sanctions financières et aux politiques monétaires américaines, qui continuent de peser sur l’économie mondiale. En réponse à cette initiative, un rapport sur les systèmes de paiement alternatifs sera présenté lors du sommet d’octobre 2024 à Kazan, sous la présidence de Vladimir Poutine.
Les ministres des Finances et les banques centrales des pays membres des BRICS ont été chargés de préparer ce rapport, avec pour objectif d’examiner les possibilités de réduire l’utilisation des plateformes de paiement traditionnelles comme SWIFT. Ce projet pourrait non seulement bouleverser l’architecture actuelle des paiements internationaux, mais aussi ouvrir la voie à des systèmes financiers plus autonomes et résilients.
L’essor des monnaies nationales dans le commerce des BRICS
La Russie a déjà commencé à intensifier l’utilisation des monnaies nationales dans ses échanges commerciaux, notamment avec la Chine et l’Inde. Selon le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, plus de 90 % des transactions entre la Russie et la Chine sont désormais effectuées en yuans et en roubles, sans recours au dollar. Avec l’Inde, ce chiffre atteint environ 60 % des échanges commerciaux.
Ce tournant stratégique s’inscrit dans une tendance mondiale plus large vers la dédollarisation, un mouvement qui gagne en force au sein des BRICS. Lavrov a souligné que cette transition vise à affranchir ces nations de l’influence du dollar américain, tout en promouvant une plus grande autonomie financière. Il a également noté que les politiques économiques américaines, notamment l’impression de masse du dollar et les sanctions économiques, ont contribué à accélérer cette dynamique.
La dédollarisation : un défi global
La volonté des BRICS de se détacher du dollar américain n’est pas seulement motivée par des considérations économiques internes, mais aussi par le désir de construire un ordre financier international multipolaire. L’ère de la domination incontestée du dollar pourrait toucher à sa fin, à mesure que de plus en plus de nations adoptent des formes d’échanges bilatéraux en monnaies locales. Ce changement pourrait remodeler profondément les équilibres économiques mondiaux, rendant les BRICS moins vulnérables aux fluctuations et aux pressions exercées par les sanctions occidentales.
Cependant, il est important de noter que ce processus reste en cours et comporte des défis. La mise en place de systèmes de paiement alternatifs nécessitera non seulement des infrastructures technologiques robustes, mais aussi une coopération étroite entre les nations membres pour garantir la viabilité et l’efficacité de ces plateformes. Néanmoins, les récentes avancées des BRICS montrent une détermination à progresser vers cet objectif.
Conclusion : Un pas vers un nouvel ordre financier
Le sommet des BRICS à venir pourrait s’avérer déterminant dans l’évolution des systèmes de paiement mondiaux. Alors que les États-Unis continuent d’imposer leur domination sur l’économie mondiale via le dollar, les BRICS cherchent activement à mettre en place des alternatives capables de soutenir leurs ambitions économiques et de limiter leur exposition aux influences extérieures. Ce mouvement vers la dédollarisation, bien qu’encore en phase de développement, reflète un changement significatif dans l’équilibre des forces financières mondiales.
Les investisseurs et observateurs économiques devront suivre de près les décisions prises lors de ce sommet, car elles pourraient avoir des répercussions à long terme sur la structure du commerce international et la position du dollar dans les échanges mondiaux.