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La dette française : qui détient les rênes et quels grands dangers pourraient survenir ?

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La situation actuelle de la dette française

La dette française, l’une des plus importantes de la zone euro, est une source de préoccupation pour les marchés financiers, surtout en période de turbulences politiques. Récemment, l’annonce d’une élection surprise par le président Emmanuel Macron a secoué le marché obligataire français. Cette instabilité politique exacerbe les inquiétudes concernant la durabilité fiscale du pays.

En juin dernier, la prime de risque que la France paie pour sa dette par rapport à l’Allemagne a approché les niveaux observés en 2012, lors de la crise de la dette de la zone euro. Les élections à deux tours des 30 juin et 7 juillet sont susceptibles de semer davantage de troubles sur les marchés obligataires.

Qui détient la dette française ?

Investisseurs étrangers

Environ 50 % de la dette publique française est détenue par des investisseurs étrangers, un pourcentage bien supérieur à celui de l’Italie (28 %), des États-Unis (30 %), de l’Espagne (40 %) et de l’Allemagne (45 %). Cette forte proportion de détention étrangère peut entraîner une volatilité accrue, car ces investisseurs tendent à réagir rapidement en cas de problème. Erjon Satko, stratège chez BofA, souligne que cette situation pourrait prolonger l’ajustement des coûts d’emprunt de la France.

Les coûts d’emprunt français ont initialement augmenté après l’annonce des élections. Bien que les marchés se soient stabilisés, la prime par rapport à l’Allemagne reste plus élevée qu’avant l’annonce, en raison des plans de dépenses des partis politiques extrêmes qui inquiètent les investisseurs.

Investisseurs institutionnels

Les investisseurs institutionnels non bancaires, tels que les gestionnaires d’actifs, les fonds de pension et les fonds spéculatifs, ont été les principaux acheteurs d’obligations françaises depuis la mi-2022, lorsque la Banque centrale européenne (BCE) a commencé à augmenter les taux d’intérêt. Les fonds spéculatifs, qui parient sur les fluctuations des prix, ont représenté plus de 50 % des volumes de négociation des obligations d’État françaises l’année dernière.

Le rôle des investisseurs japonais

Les investisseurs japonais, grands acheteurs d’obligations étrangères, détiennent une part importante de leurs investissements européens en France. En 2017, avant l’élection présidentielle française, les investisseurs japonais ont vendu environ 26 milliards d’euros d’obligations françaises, un record. Cette vente massive s’explique par les craintes liées aux promesses de Marine Le Pen de sortir la France de l’Union européenne et de la zone euro.

Les banques françaises et les assurances

Les banques françaises détiennent environ 7,7 % de la dette nationale, un pourcentage inférieur aux 9,8 % enregistrés en 2014. Cette faible proportion est avantageuse, car elle permet de solliciter les banques domestiques pour acheter davantage de dette publique en cas de besoin, réduisant ainsi le risque de contagion à travers le secteur bancaire.

Les compagnies d’assurance françaises détiennent 9,5 % de la dette, contre 19,7 % en 2014. Il existe donc une marge de manœuvre pour augmenter les participations domestiques en dette française.

Risques et perspectives

La forte dépendance de la France aux investisseurs étrangers pour financer sa dette présente des risques importants en période d’instabilité politique. Les craintes liées à des politiques budgétaires expansionnistes peuvent pousser les investisseurs à exiger des rendements plus élevés, augmentant ainsi les coûts d’emprunt du pays. De plus, une vente massive d’obligations par des investisseurs étrangers pourrait provoquer une hausse rapide des taux d’intérêt.

Cependant, la capacité de la France à mobiliser des investisseurs domestiques et institutionnels, ainsi que le soutien potentiel de la BCE, offre des garanties contre une crise de la dette à grande échelle. Une gestion prudente de la politique budgétaire et une communication efficace avec les investisseurs seront cruciales pour maintenir la stabilité financière.

Conclusion

La dette française est à la croisée des chemins, avec des défis et des opportunités. La diversification des détenteurs de la dette et la capacité à mobiliser des ressources domestiques seront essentielles pour naviguer dans cette période d’incertitude politique et économique. Il est crucial de surveiller de près les développements politiques et leurs impacts sur les marchés financiers pour prendre des décisions d’investissement éclairées.

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