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Face à la guerre économique lancée par Trump, les pays émergeants se réfugient dans la crypto-monnaie

Trump

La guerre économique est lancée : les amendes sur les entreprises qui commercent en dollars ont été multipliées par dix en huit ans. Une stratégie financière qui permet au gouvernement américain d’étendre sa suprématie sur la scène internationale.

Pour faire face à ces nouvelles sanctions, certains pays ont décidé de créer leur propre crypto-monnaie étatique afin de préserver leur indépendance monétaire et financière. C’est le cas de l’Iran, du Venezuela, de la Russie ou encore de la Turquie. Mais ce n’est pas tout. Certains éléments au cœur de l’Union européenne sont aussi intéressées par les solutions présentées par la technologie blockchain pour remplacer le dollar.

Le Venezuela expérimente la crypto-monnaie

Le blocus financier des États-Unis sur le Venezuela étouffe l’économie du pays et impose aux habitants des conditions de vie difficile. Pour contourner ces sanctions, le gouvernement Vénézuélien de Nicolas Maduro a créé une crypto-monnaie – «le Petro» – qui se base sur les réserves pétrolières du territoire.

Le Venezuela, depuis la chute du cours du pétrole, est forcé de restructurer son économie. Avec une dette de 150 milliards de dollars, le pays doit faire face à de graves difficultés monétaires : sa monnaie officielle a enregistré une inflation de l’ordre de 100000% depuis le début de la crise.

Dans ce contexte économique dramatique, le pays tente donc de nouvelles stratégies et propose la prévente de 44 millions de Pétro. Le président Maduro a annoncé que 5 milliards de dollars ont déjà pu être levé par cette opération monétaire. Cependant, il faut rester prudent et relativiser le succès du Pétro qui manque encore de confiance de la part des investisseurs.

L’Iran développe une crypto monnaie d’état

L’Iran est depuis le 7 aout 2018 à nouveau confronté à un blocus économique et interdit de réaliser des transactions financières en dollars. Cette sanction émise par les États-Unis a pour conséquence de déstructurer encore un peu plus l’économie iranienne.

C’est la raison pour laquelle, Téhéran prévoit sérieusement de mettre en place sa propre monnaie numérique pour lutter contre les sanctions. Dans le cas d’une entreprise allemande qui commercerait avec une entreprise iranienne, elle recevrait cette monnaie-virtuelle et devrait l’échanger contre des Bitcoins. Ce montage monétaire permet de n’avoir recours à aucun moment à l’utilisation du dollar américain, et de ce fait se soustraire aux sanctions américaines.

La principale interrogation concerne les compétences de l’Iran pour développer une telle crypto-monnaie. Une chose est sure – l’attrait des iraniens pour les crypto-monnaie est réelle et de nombreux investisseurs iraniens se tournent déjà vers ces nouveaux actifs, notamment le Bitcoin.

La Turquie invente le Turkcoin

L’attrait de la population turque pour les crypto-monnaies n’est pas nouveau, mais le processus s’est accéléré depuis le début de la crise diplomatique et économique que mène le gouvernement de Trump pour faire pression sur Ankara dans le dossier du pasteur Andrew Brunson.

Les volumes d’échange entre la livre turque et le Bitcoin ont plus que doublé dans les premiers jours qui ont suivi le début des tensions, les turques essayant de trouver une valeur refuge à leur monnaie locale qui s’est dévaluée massivement.

Le gouvernement Turque ne voit pas d’un bon œil l’utilisation du Bitcoin par ses entreprises, mais pense que les crypto-monnaies peuvent etre une solution viable. Pour garder un contrôle sur les échanges économiques, Ankara devrait créer le Turkcoin, une monnaie numérique d’état centralisée car ce qui dérange le gouvernement Turque est justement le caractère décentralisé des crypto-monnaies… affaire à suivre.

Les sanctions américaines de Trump provoquent-elles la fin de la suprématie du dollar ?

Il se pourrait que la politique extérieure du gouvernement Trump provoque une baisse de la domination du dollar. En effet pour se protéger des sanctions économiques, les pays concernés développent leur propre monnaie numérique. Reste à voir si ces nouvelles monnaies seront facilement échangées en monnaies classiques. N’oublions pas que même l’Euro n’est jamais parvenu à devenir la monnaie de réserve mondiale.

Cependant, les établissements bancaires européens sont de plus en plus enclins à développer cet écosystème. Ils ont notamment investi plus de 100 millions de dollars dans le développement et la recherche d’applications financières de la blockchain.

L’idée que le dollar puisse un jour être remplacé par des crypto-monnaies progresse. Le 28 décembre 2017, la Russie a proposé la mise en place d’une crypto-monnaie commune aux BRICS et l’Union économique eurasiatique (UEFA). Le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud, l’Arménie, la Biélorussie, la Russie, le Kazakhstan et le Kirghizstan sont concernés par ce projet financier. Ces pays rassemblent plus de 50 % de la population mondiale et produisent près de 40 % du PIB du commerce internationale. Par ailleurs,  leur influence dans l’économie globale est en constante progression.

Selon l’avis du gouvernement Russe, les BRICS sont vulnérables face à l’injustice de la structure financière planétaire et ont beaucoup à gagner à investir dans une crypto-monnaie commune. L’objectif est de procéder à des réformes monétaires afin de pallier à la suprématie des monnaies de réserve internationale représentée par le dollar et l’euro.

Si la blockchain représente un réel outil d’émancipation économique pour les pays émergents,  l’écosystème des crypto-monnaies reste vulnérable pour le moment et n’est pas à l’abri de bulles spéculatives ou d’attaques malveillantes.

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